Le« choc des civilisations » « Le choc des civilisations » : voilà une formule que, depuis le 11 septembre 2001, nous avons lue dans tous les journaux, entendue ou proférée dans tous les cafés du commerce. Une formule à la fois puissante
Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles. » L’équivocitĂ© de la rĂ©flexion de Paul ValĂ©ry, dans la Crise de l’esprit 1919, met Ă  la fois en perspective le caractĂšre vulnĂ©rable de cette civilisation qui se sait dĂ©sormais aussi fragile qu’une vie », comme l’écrit l’auteur quelques lignes plus loin ; et sa force lĂ©tale capable de porter la vie a des sommets de grandeur, la civilisation est Ă©galement aurĂ©olĂ©e d’une puissance de destruction insoupçonnable jusqu’alors. Si cette sentence a pu marquer le XXe siĂšcle et permettre d’interroger les totalitarismes qu’il a vu prospĂ©rer, elle semble s’appliquer avec plus de force encore Ă  l’aube de ce troisiĂšme millĂ©naire, qui voit, avec l’apparition du transhumanisme, se redessiner Ă  une vitesse vertigineuse les contours de l’humanitĂ© Ă  venir. De l’homme augmentĂ© au posthumain, le transhumanisme revĂȘt des visages multiples qui semblent cependant tous annoncer un bouleversement radical de la nature mĂȘme de l’humanitĂ© et l’on oscille entre la fascination et l’effroi devant les scĂ©narios de science-fiction qui nous sont prĂ©sentĂ©s. Ce mouvement culturel et intellectuel affirme qu’il est possible et dĂ©sirable d’amĂ©liorer fondamentalement la condition humaine en dĂ©veloppant et diffusant largement les techniques visant Ă  Ă©liminer le vieillissement et Ă  amĂ©liorer de maniĂšre significative les capacitĂ©s intellectuelles, physiques et psychologies de l’ĂȘtre humain » 1. La transformation de l’homme, envisagĂ©e au niveau individuel, ou par la crĂ©ation d’un humain augmentĂ© », qui constituerait une nouvelle espĂšce, une humanitĂ© + symbolisĂ© H+ dans l’hybridation qui est faite de l’homme et de la machine, peut affecter diffĂ©rentes facultĂ©s de l’ĂȘtre humain capacitĂ©s physiques ou cognitives, longĂ©vitĂ© ou immortalitĂ©. Si aucun irĂ©nisme ou aveuglement n’est permis face Ă  de tels enjeux, tant dans les politiques de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ© internationale que dans le recours aux techniques bio-mĂ©dicales en vue de neuro-amĂ©lioration de la personne non malade », on peine cependant Ă  dĂ©mĂȘler les faits des oracles de certaines pythies contemporaines. C’est la caractĂ©ristique premiĂšre de la technologie, Ă©crit Don DeLillo, d’un cĂŽtĂ© elle suscite un appĂ©tit d’immortalitĂ©, de l’autre elle provoque la peur de l’extinction universelle » 2. À la fragilitĂ© de la vie, Ă  la vulnĂ©rabilitĂ© de l’existence qui apparaĂźt avec tant de force aprĂšs les ravages du XXe siĂšcle ou en des temps de crise Ă©cologique que l’on nous prĂ©sente comme sans prĂ©cĂ©dent, le transhumanisme rĂ©pond avec de mirifiques promesses de vie Ă©ternelle
 mais il semble dans le mĂȘme temps annoncer une aliĂ©nation radicale aux diffĂ©rentes technologies. La dĂ©couverte de ce Nouveau Monde nous rĂ©servera-t-elle le mĂȘme traitement qu’aux derniers natifs des terres conquises ? Pourtant dĂ©fenseurs de la recherche et du progrĂšs, Bill Gates ou Stephen Hawking s’inquiĂštent de l’avĂšnement d’une superintelligence artificielle capable de pulvĂ©riser notre espĂšce. Si nous ne voulons pas ĂȘtre obsolĂštes dĂšs la naissance, si nous voulons rester les ĂȘtres les plus Ă©voluĂ©s, nous faut-il devenir des robots nous aussi ? PĂ©riode de rupture fondamentale, comment notre dĂ©but de troisiĂšme millĂ©naire sera-t-il jugĂ© par la postĂ©ritĂ© ? Quelle forme prendra cette postĂ©ritĂ© et surtout, de quel jugement sera-t-elle capable ? Accro aux nouvelles technologies Il importe de distinguer au sein du discours profĂ©rĂ© sur l’intelligence artificielle IA et sur l’évolution des nano et biotechnologies, les progrĂšs scientifiques rĂ©els, de la prophĂ©tie que certains prĂȘtres du techno-progressisme font passer pour imminente. De fait, l’irruption de l’intelligence artificielle dans nos vies n’est plus une option que l’on pourrait dĂ©cocher, un interrupteur que l’on aurait encore le loisir d’éteindre
elle est devenue indispensable, nĂ©cessaire, elle prend forme de dĂ©terminisme. Tout le monde est accro aux nouvelles technologies sans forcĂ©ment s’en rendre compte on regarde en moyenne 150 fois par jour son tĂ©lĂ©phone portable. Il existe d’ailleurs un droit Ă©lĂ©mentaire Ă  la connexion comme il existe un droit Ă  l’électricitĂ©. Les opĂ©rateurs ne peuvent arrĂȘter brutalement la connexion d’un client insolvable, mais seulement rĂ©duire son dĂ©bit, comme un fournisseur d’électricitĂ© doit en assurer une fourniture minimale. Chacun de nous informe et nourrit la pieuvre tentaculaire des GAFA Google, Apple, Facebook, Amazon et des BATX chinois Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi, par l’ensemble des donnĂ©es que nous leur fournissons. Cependant on ne peut accorder un crĂ©dit absolu aux chantres de ce que l’on appelle l’ Ăšre de la singularitĂ© » prise au sens large, cette expression dĂ©signe un avenir dans lequel l’intelligence des machines dĂ©passera allĂšgrement celle des humains qui les ont créées, actant dĂ©finitivement la fusion entre la vie technologique et la vie biologique avec comme promesse ultime la rĂ©solution des problĂšmes humains les plus complexes ; cette dĂ©claration radicale de techno-progressisme exerce une influence patente sur la culture de la Silicon Valley et ainsi sur l’imaginaire liĂ© aux nouvelles technologies. Si ces scientifiques disposent de moyens humains et financiers exorbitants leur permettant de travailler activement au monde qu’ils appellent de leurs vƓux, il semble cependant nĂ©cessaire de s’attacher Ă  la chronologie afin de dĂ©mĂȘler le prophĂ©tique du scientifique. On peut, schĂ©matiquement, retenir quatre formes d’intelligence artificielle. C’est la partition que propose le Dr Laurent Alexandre dans La guerre des intelligences, intelligence artificielle versus intelligence humaine 3. De 1960 Ă  2010 apparaĂźt une premiĂšre forme d’IA lorsque les algorithmes sont programmĂ©s manuellement. C’est ce systĂšme que l’on trouve lorsqu’il s’agit par exemple de coder un site internet. À partir de 2012 apparaĂźt le deep learning qui commence Ă  dĂ©passer l’homme sur des taches bien spĂ©cifiques, par exemple en reconnaissance visuelle. Il s’éduque plus qu’il ne se programme ce qui donne une force terrible aux GAFA et aux BATX. Selon Laurent Alexandre, il peut concurrencer un radiologue mais pas un gĂ©nĂ©raliste. Il lui manque pour cela la mĂ©moire et la transversalitĂ©, troisiĂšme forme d’intelligence qui Ă©merge doucement mais ne sera opĂ©rationnelle que vers 2030. Celle-ci pourrait se faire passer pour un homme, ce qui pose de redoutables problĂšmes de sĂ©curitĂ©. La quatriĂšme forme de l’intelligence artificielle n’est en revanche pas encore apparue elle est celle de tous les scĂ©narios de science-fiction. Elle serait l’apparition d’une conscience artificielle, IA dite forte, c’est-Ă -dire capable de conscience de soi et de sentiments. La date de son Ă©mergence est l’objet de querelles irrationnelles et messianiques chez les spĂ©cialistes. Aujourd’hui, Ă©crit Laurent Alexandre, l’IA ressemble encore Ă  un autiste atteint d’une forme grave d’Asperger qui peut apprendre le bottin tĂ©lĂ©phonique par cƓur ou faire des calculs prodigieux de tĂȘte mais est incapable de prĂ©parer un cafĂ©. » On peut donc s’interroger sur la performativitĂ© de telles prophĂ©ties les ordinateurs deviendront-ils un jour des ĂȘtres conscients ou ne seront-ils jamais que des calculateurs sophistiquĂ©s incapables de toute Ă©motion ? L’incohĂ©rence fondamentale et pourtant Ă©lĂ©mentaire qui semble cantonner ce scĂ©nario Ă  un horizon dont on s’approche sans jamais l’atteindre est l’idĂ©e selon laquelle le vivant pourrait ĂȘtre compris Ă  l’aide d’un modĂšle mĂ©canique. C’est un paradigme technicien qui prĂ©side Ă  la rĂ©flexion transhumaniste. Pour que l’esprit puisse ĂȘtre tĂ©lĂ©chargeable dans une machine, encore faudrait-il qu’il soit matĂ©riel. Cette idĂ©ologie prĂ©suppose que l’on puisse rĂ©duire l’homme Ă  ses donnĂ©es biologiques et que l’on puisse rĂ©duire le vivant Ă  l’information qui le structure puisqu’un code gĂ©nĂ©tique est Ă  l’origine du vivant, il doit ĂȘtre possible d’en Ă©tablir un codage informatique. De l’ADN aux donnĂ©es informatiques il n’y a donc qu’un pas. Ainsi, Ray Kurzweil, fervent zĂ©lateur du transhumanisme, Ă©crit que nos corps biologiques version sont fragiles et sujets Ă  quantitĂ© de dysfonctionnements, sans mentionner les laborieux rituels de maintenance qu’ils requiĂšrent ». L’ordinateur n’est pas compris par anthropomorphisme mais c’est l’homme auquel on applique un vocabulaire informatique. Cette conception mĂ©caniciste du systĂšme se fonde sur une permanente quĂȘte d’amĂ©lioration du processus et procĂšde donc d’une logique de l’artefact qui ignore que nous serons toujours devant le vivant comme devant un mystĂšre, condamnĂ©s Ă  nous rĂ©pandre en hypothĂšses sur sa constitution sans maĂźtriser les complexitĂ©s d’une totalitĂ© qui ne peut se rĂ©duire Ă  la somme de ses parties. Mieux masquer nos asservissements Si les idĂ©es de crĂ©er une conscience artificielle ou d’abolir la mort sont bien lointaines, sans doute participent-elles de cette sidĂ©ration mĂ©dusĂ©e devant les pythies du transhumanisme qui nous fait oublier l’aliĂ©nation quotidienne qui est la nĂŽtre. Le transhumanisme nous promet des lendemains qui chantent pour mieux masquer nos rĂ©veils entre smartphone et ordinateur. De fait, c’est un vĂ©ritable asservissement Ă  la machine qui s’orchestre sous prĂ©texte de permettre notre libĂ©ration des lois de la nature. Nous sommes dĂ©sorientĂ©s dans un monde oĂč le GPS pense Ă  notre place, incapables d’écrire français pour avoir trop usĂ© de la correction orthographique et les femmes congĂšlent leurs ovocytes pour ĂȘtre rentables plus longtemps
 Le transhumanisme ne cesse d’en appeler Ă  l’imaginaire de la souverainetĂ© individuelle mais ne laisse prĂ©sager qu’une radicalisation de l’aliĂ©nation », Ă©crit Olivier Rey dans Leurre et Malheurs du transhumanisme 4. Pire, sans doute le transhumanisme n’est-il pas un progrĂšs mais la solution d’un problĂšme dĂ» Ă  la technique demain des robots de Calico, complexe de biotechnologies appartenant Ă  Google, permettront de lutter contre les formes autistiques dues Ă  l’usage abusif des NTIC 5 des jeunes japonais en leur tenant compagnie. C’est le sens des cyborgs cybernĂ©tic organism qui ont pour but de modifier les fonctions corporelles de l’homme pour rĂ©pondre aux exigences des environnements extraterrestres ». L’homme augmentĂ© n’est que le produit d’un monde ravagĂ© c’est la situation diminuĂ©e de l’homme contemporain qui rend allĂ©chantes les perspectives transhumanistes. Heidegger le prĂ©disait, on ne guĂ©rit de la technique que par la technique. Olivier Rey met en exergue les trois stratĂ©gies employĂ©es afin d’imposer le transhumanisme on commence par faire danser devant vos yeux les promesses d’un transhumanisme messianique demain, la mort sera abolie et votre corps invulnĂ©rable. La deuxiĂšme stratĂ©gie est la banalisation si vous refusez le transhumanisme, alors ne portez plus de lunettes, d’oreillettes ni de prothĂšses, n’utilisez plus rien qui transforme votre rapport au monde par l’artifice. Enfin on vous impose la fatalitĂ© Vous ĂȘtes embarquĂ©s », on ne peut refuser l’inĂ©luctable marche du progrĂšs. Olivier Rey montre nĂ©anmoins que plus le monde va mal, plus il faut abreuver les populations de promesses Ă©poustouflantes Les promesses transhumanistes ne sont pas destinĂ©es Ă  se rĂ©aliser. Mieux vaut donc ne pas perdre son temps Ă  s’émerveiller ou s’épouvanter du futur qu’elles dessinent. Leur vĂ©ritable nocivitĂ© est ailleurs elle rĂ©side dans leur facultĂ© Ă  captiver l’esprit, Ă  le divertir de ce dont il devrait se soucier. Pour faire face Ă  ce qui nous attend, l’urgence serait de diminuer notre dĂ©pendance Ă  la technologie » 6. PrĂ©sentĂ© comme le choix par lequel on surpasserait une nature limitĂ©e pour se faire crĂ©ateur affranchi des servitudes biologiques, le transhumanisme prĂ©tend cependant ĂȘtre une fatalitĂ©. C’est du moins sur cet apparent dĂ©terminisme que se fonde l’aspect messianique de cette idĂ©ologie. À bien des Ă©gards le transhumanisme s’inscrit dans la droite ligne des matĂ©rialismes historiques et biologiques qui ont prĂ©sidĂ© aux idĂ©ologies du XXe siĂšcle. Ainsi la rĂ©duction matĂ©rialiste s’accomplit par cette double rĂ©duction de toute spiritualitĂ© Ă  de la matiĂšre et de toute matiĂšre Ă  de l’information. Tout n’est que Data et ce Data nous gouverne. VoilĂ  sur quel paradigme mĂ©caniciste elle se fonde chez Marvin Minsky, pour qui le cerveau se rĂ©sume Ă  une machine de viande ». Si l’on envisage la machine comme un dispositif conçu pour accomplir une tĂąche de maniĂšre optimale, alors le but notre cerveau en tant que machine de viande » est d’accroĂźtre au maximum nos capacitĂ©s cognitives. AmĂ©liorer notre potentiel computationnel serait notre devoir, ou du moins notre raison d’ĂȘtre, impliquant de tout mettre en Ɠuvre pour fonctionner le plus longtemps et le plus efficacement possible. L’ex-Union soviĂ©tique voit donc ses fantasmagories prolongĂ©es par le geste transhumain. Il ne s’agit plus de prendre un corps blessĂ© et de le guĂ©rir mais d’en faire un surhomme. Cet homme futur, que les savants produiront, nous disent-ils, en un siĂšcle, pas davantage, paraĂźt en proie Ă  la rĂ©volte contre l’existence humaine telle qu’elle est donnĂ©e, cadeau venu de nulle part laĂŻquement parlant et qu’il veut pour ainsi dire Ă©changer contre un ouvrage de ses propres mains. » Ainsi s’exprime Hannah Arendt dans la Condition de l’homme moderne 1958. Le transhumanisme dĂ©coule en effet d’une rĂ©bellion contre la nature humaine, finie, limitĂ©e, pulsionnelle. Il procĂšde ainsi du mĂȘme mouvement que le collectif LGBTQI ou la logique antispĂ©ciste. RedĂ©finissant les limites de l’humain, il dessine le visage d’une post-humanitĂ© qui s’avĂšre plutĂŽt ĂȘtre une inhumanitĂ©. ImmergĂ©s dans le Styx afin d’ĂȘtre rendus invulnĂ©rables, c’est sans doute dans ce refus de la vulnĂ©rabilitĂ© que rĂ©side le talon d’Achille des transhumanistes. Lorsque l’on sait combien l’intelligence Ă©motionnelle des enfants ayant grandi en prĂ©sence d’une personne handicapĂ©e peut se dĂ©velopper, il semble fondamental de prĂ©server ce qui fait le propre de notre humanitĂ©. La vulnĂ©rabilitĂ© de notre incarnation est la condition du prix de l’existence. Face Ă  cette idĂ©ologie de la virtualisation apparaĂźt urgente la contemplation de la PrĂ©sence RĂ©elle
 qui seule triomphe de la mort. Maylis de BonniĂšres 1 The Transhumanist Declaration. 2 Bruit de fond, Stock, 1986 rééd. Actes Sud, 2001. 3 JC LattĂšs, 2017. 4 DesclĂ©e de Brouwer, 2018. 5 Nouvelles technologies de l’information et de la communication. 6 Ibid. © LA NEF n°312 Mars 2019
Lidée d'un déclin nécessaire et définitif de toute civilisation reflÚte une vision anthropomorphique de la société, que l'histoire ne dément pas toujours : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », dira Paul Valéry se penchant sur le naufrage de l'Europe pendant la Grande guerre.
Nous autres, civi­li­sa­tions, nous savons main­te­nant que nous sommes mor­telles. Nous avions enten­du par­ler de mondes dis­pa­rus tout entiers, d’empires cou­lĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; des­cen­dus au fond inex­plo­rable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs aca­dé­mies et leurs sciences pures et appli­quĂ©es, avec leurs gram­maires, leurs dic­tion­naires, leurs clas­siques, leurs roman­tiques et leurs sym­bo­listes, leurs cri­tiques et les cri­tiques de leurs cri­tiques. Nous savions bien que toute la terre appa­rente est faite de cendres, que la cendre signi­fie quelque chose. Nous aper­ce­vions Ă  tra­vers l’épaisseur de l’histoire, les fan­tĂŽmes d’immenses navires qui furent char­gĂ©s de richesse et d’esprit. »Paul Valé­ry La crise de l’esprit, Ă©di­tions NRF, 1919
La crise de l’esprit », Paul ValĂ©ry « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », c’est ce qu’affirme ValĂ©ry dans sa premiĂšre lettre de La Crise de l’esprit. Avec cette citation, nous pouvons rendre compte de l’état d’esprit de l’auteur, qui se veut rassurant, sans ĂȘtre rassurĂ©.
TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 MORTEL, -ELLE, adj. et − Adj. et − Adj. Qui est sujet Ă  la [En parlant d'un ĂȘtre vivant gĂ©n. un homme] Il y avoit lĂ  devant nous une crĂ©ature mortelle, convaincue de notre immortalitĂ© StaĂ«l,Allemagne, 1810, connais, monsieur, toute l'Ă©tendue de la perte que vous avez faite; mais, enfin, nous sommes tous mortels Jouy,Hermite, 1814, L'homme vint le dernier des animaux, parent de tous, et proche de quelques-uns. Les termes dont on le dĂ©signe encore aujourd'hui marquent son origine on l'appelle humain et mortel. A. France,Vie fleur, 1922, [P. mĂ©ton.]− [En parlant du corps de l'homme] Cette fiĂšvre qui ... gonflait Ă  la briser chaque veine, et dissĂ©quait chaque point de ce corps mortel en des millions de souffrances Dumas pĂšre, Monte-Cristo, 1846, ces griffes lĂ©gĂšres que la moindre douleur imprime sur un visage mortel Mauriac,Journal 1, 1934, [P. oppos. Ă  la partie immatĂ©rielle de l'homme l'Ăąme, l'esprit]RELIG. Corps mortel, chair mortelle. Et, maudissant Don Juan, lui jeta bas Son corps mortel, mais son Ăąme, non pas! Verlaine, ƒuvres compl., Jadis, 1884, DĂ©pouille mortelle, restes mortels. Cadavre. PrĂȘt Ă  dĂ©poser sa dĂ©pouille mortelle dans la terre Ă©trangĂšre Chateaubr.,MĂ©m., 1848, char emportant au PĂšre-Lachaise les restes mortels de Charles Hugo Verlaine, ƒuvres compl., Vingt-sept biogr. E. de Goncourt, 1896, sa dĂ©pouille, son enveloppe mortelle. Mourir. Quand l'Ăąme aura quittĂ© son enveloppe mortelle Maine de Biran,Journal, 1815, [P. oppos. Ă  des ĂȘtres immatĂ©riels dieux, anges] Si les anges daignoient revĂȘtir une forme mortelle pour apparoĂźtre aux hommes, ce seroit sous les traits de Maria Genlis,Chev. Cygne, 1795, est vrai qu'un vers d'HomĂšre ait subitement douĂ© Phidias du sentiment de la majestĂ© des dieux, lui ait appris Ă  la reprĂ©senter vivante Ă  des regards mortels Dusaulx,Voy. BarĂšge, 1796, race mortelle. La race humaine. Je veux ĂȘtre par toi prĂ©sent et favorable Ă  la race mortelle ValĂ©ry,VariĂ©tĂ© III, 1936, [En parlant de la condition de l'Homme] Existence, vie mortelle. Qu'il Ă©toit Ă©tonnant d'oser trouver des conformitĂ©s entre nos jours mortels et les Ă©ternels destins du maĂźtre du monde! Chateaubr.,GĂ©nie, jeudi. Ascension − Quelle belle fin de la vie mortelle de Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ! Dupanloup,Journal, 1851, Par lĂ , la phrase de Vinteuil avait, comme tel thĂšme de Tristan par exemple, qui nous reprĂ©sente aussi une certaine acquisition sentimentale, Ă©pousĂ© notre condition mortelle, pris quelque chose d'humain qui Ă©tait assez touchant. Proust,Swann, 1913, Au fig. [En parlant d'un inanimĂ©] Qui peut pĂ©rir, disparaĂźtre. Il y avait tout l'amour dans leurs sourires mais ce n'Ă©tait qu'un pauvre amour mortel Beauvoir,Tous les hommes mort., 1946, Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles; nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins descendus au fond inexplorable des siĂšcles... ValĂ©ry,VariĂ©tĂ© III, 1936, − Subst. Être LittĂ©r. Ranime-toi, foible mortel, Ă  ce spectacle actif de la nature Saint-Martin,Homme dĂ©sir, 1790, Quelle est cette Ă©toile qui file, Qui file, file, et disparaĂźt? − Mon enfant, un mortel expire; Son Ă©toile tombe Ă  l'instant. BĂ©ranger,Chans., 1829, Audacieux, aveugle, chĂ©tif, faible, grossier, humble, insensible, fortunĂ©, malheureux, misĂ©rable, pauvre, perfide, vil [En constr. dans des loc. figĂ©es]♩ Une simple mortelle. Une personne comme les autres. AprĂšs tout, Marie n'avait-elle pas Ă©tĂ© une simple mortelle, une faible femme qui avait connu toutes les misĂšres de la vie Montalembert,Ste Élisabeth, 1836, Un heureux mortel. Une personne qui a de la chance. Je vous fĂ©licite, mon cher, vous ĂȘtes un heureux mortel Taine,Notes Paris, 1867, Les mortels. L'ensemble des humains, l'humanitĂ©. La lumiĂšre du jour si chĂšre aux mortels Chateaubr.,Martyrs, 1810, Le commun des mortels. Le plus grand nombre des hommes. M. Godeau ne pouvait plus respirer l'air du commun des mortels qui lui Ă©tait dĂ©parti Jouhandeau,M. Godeau, 1926, − AdjectifA. − Qui cause la mort. J'ai eu la bĂȘtise de consulter un mĂ©decin ... et bien entendu il m'a trouvĂ© trois ou quatre maladies mortelles MĂ©rimĂ©e,Lettres ctessede Montijo, 1841, Quelle, et si fine, et si mortelle, Que soit ta pointe, blonde abeille, Je n'ai, sur ma tendre corbeille, JetĂ© qu'un songe de dentelle. ValĂ©ry,Charmes, 1922, Être mortel Ă , pour qqn, qqc. L'heure oĂč l'ombre est mortelle Au voyageur suant qui s'arrĂȘte sous elle Barbier,Ïambes, 1840, Accident, breuvage, choc, combat, coup, danger, mal, pĂ©ril mortel; balle, blessure, dose, Ă©manation, maladie, menace, morsure, plaie mortelle.♩ Proverbe. Plaie d'argent n'est pas mortelle. Plaie d'argent n'est pas mortelle, dit-on; mais ces plaies-lĂ  ne peuvent pas avoir d'autre mĂ©decin que le malade Balzac,Illus. perdues, 1843, RELIG. CATHOL. PĂ©chĂ© mortel. PĂ©chĂ© qui enlĂšve Ă  l'Ăąme la grĂące de la vie Ă©ternelle. Ils communient tous les dimanches! Je vous garantis qu'ils n'accepteraient pas de vivre en Ă©tat de pĂ©chĂ© mortel Beauvoir,MĂ©m. j. fille, 1958, − P. hyperb. [CaractĂ©risant un subst. avec une valeur intensive]1. Qui est pĂ©nible, dĂ©sagrĂ©able ou ennuyeux Ă  mourir.− [Le subst. dĂ©signe des circonstances, un Ă©vĂ©nement auquel une pers. est confrontĂ©e] Il y a de cette ville Ă  cette autre dix mortelles lieues heures, deux heures mortelles pour le pauvre amoureux se passĂšrent ainsi, sans que M. MĂŒller vĂźnt Ă  bout de trouver l'Ă©tymologie de ranunculus Karr,Sous tilleuls, 1832, n'est pas de sa faute si je n'ai pas encore pris mal. Elle Ă©tablit dans les wagons des courants d'air mortels Mauriac,GĂ©nitrix, 1923, [Le subst. dĂ©signe le sentiment Ă©prouvĂ© face Ă  un Ă©vĂ©nement pĂ©nible ou ennuyeux] Puisque nous voici ensemble, ma chĂšre, dit-il en s'asseyant sur le sofa, au mortel dĂ©plaisir de Valentine, je suis rĂ©solu de vous entretenir d'une affaire assez importante Sand,Valentine, 1832, DaĂŻdha!!!» s'Ă©cria la foule... C'Ă©tait elle. Qui, sous l'horrible poids d'une angoisse mortelle, Au vague bruit d'enfants, par son coeur entendu, Était sortie au jour Ă  ses pas dĂ©fendu... Lamart.,Chute, 1838, DĂ©goĂ»t, ennui mortel; inquiĂ©tude, tristesse [En parlant d'un sentiment hostile] Qui est si aigu qu'il pourrait ĂȘtre homicide. Antipathie mortelle; ressentiment mortel. En butte Ă  la haine mortelle de ces hommes dont il dĂ©nonçait les crimes Clemenceau,Vers rĂ©paration, 1899, Ennemi mortel. Personne qui en hait une autre ou qui en est profondĂ©ment haĂŻe. Chacun y eĂ»t gardĂ© la parole pendant vingt minutes et fĂ»t restĂ© l'ennemi mortel de son antagoniste dans la discussion Stendhal,Souv. Ă©gotisme, 1832, Qui Ă©voque la mort, qui a les caractĂ©ristiques propres Ă  la mort. À ces mots, une pĂąleur mortelle couvrit le visage de Corinne StaĂ«l,Corinne, 1807, n'entendais aucun bruit. Ce silence mortel finit par m'effrayer si bien que je me levai sur la pointe des pieds nus et marchai vers la clartĂ© Duhamel,Notaire Havre, 1933, et Orth. [mɔ ʀtΔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Sens passif sujet Ă  la mort» 1. fin xes. om mortal Passion, Ă©d. D'Arco Silvio Avalle, 339; ca 1160 subst. plusor mortal Eneas, 2285 ds 2. ca 1050 la mortel vithe St Alexis, Ă©d. Chr. Storey, 63; 3. 1269-78 richeces mortex Jean de Meun, Rose, Ă©d. F. Lecoy, 5227. B. Sens actif 1. ca 1100 qui souhaite la mort, qui porte la mort» sun mortel enemi Roland, Ă©d. J. BĂ©dier, 461; ca 1120-50 mortel serpent [Satan] Grant mal fist Adam, I, 2 ds 1155 mortel tirant Wace, Brut, 6131, ibid.; 2. ca 1100 une mortel bataille Roland, 658; id. mortel rage ibid., 747; 1155 mortel hĂ€ine Wace, op. cit., 14410, ibid. 1erquart xiiies. relig. chrĂ©t. pekiĂ© mortal Renclus de Molliens, Miserere, 71, 1, ibid.; 3. 1572 mortel poison Amyot, Hommes illustres, PompĂ©e, 50, Ă©d. GĂ©rard-Walter, ds ƒuvres. C. de mort, concernant la mort» 1130-40 cri mortel Geoffroi Gaimar, Estoire des Engleis, Ă©d. A. Bell, 4421 Li reis criad un cri mortel, L'aneme s'en vait ...; 1174-87 lit mortel ChrĂ©tien de Troyes, Perceval, Ă©d. F. Lecoy, 4816. Empr. au lat. mortalis sujet Ă  la mort, pĂ©rissable; humain, mortel; des mortels» − subst. ĂȘtre humain» − ; mortel, qui donne la mort», spĂ©c. mortale crimen, mortalia delicta pĂ©chĂ© mortel» dans la lang. chrĂ©t. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 3398. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 7739, b 4143; xxes. a 3901, b 3280. Bbg. Henning Mortel, ange et dĂ©mon. Mod. Lang. Notes. 1938,
Introduction: « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase cĂ©lĂšbre, rĂ©digĂ©e par Paul ValĂ©ry en 1919 figure dans un essai, publiĂ© Ă  la NFR, Ă©tant intitulĂ© La crise de L’Esprit, qui par ailleurs sert de dĂ©but de phrase Ă  son texte philosophique VariĂ©tĂ© I. La date indiquĂ©e nous indique dĂ©jĂ  le contexte histoire, nous sommes Ă  un an de la
Article Ă©crit par Ni film catastrophe, ni film de science-fiction, Park n’est que le miroir de notre monde Ă  l’abandon. Civilisations mortelles Si la GrĂšce antique est considĂ©rĂ©e Ă  l’unanimitĂ© comme le creuset de la civilisation occidentale, ainsi que le berceau des jeux olympiques, Sofia Exarchou nous offre ici un portrait sans pitiĂ© de sa dĂ©cadence justement Ă  travers les ruines du stade olympique Ă©difiĂ© pour les Jeux de 2004 dans lesquelles errent des jeunes gens dĂ©soeuvrĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s et des armĂ©es de chiens famĂ©liques. Ce n’est pas seulement une figure de style, une allĂ©gorie pour mettre en scĂšne un dĂ©sespoir cinĂ©matographique, mais une rĂ©alitĂ© car la GrĂšce a bel et bien Ă©tĂ© ruinĂ©e par les manoeuvres machiavĂ©liques de l’Union europĂ©enne comme l’a si bien montrĂ© le film de Costa-Gavras l’annĂ©e derniĂšre, Adults in the Room 2019. Paul ValĂ©ry l’avait prophĂ©tisĂ© dans La Crise de l’esprit en 1919, au sortir de la PremiĂšre Guerre mondiale, et l’Histoire l’a rĂ©alisĂ© et perfectionnĂ©. En sortant de ce film, nous ne pouvons que penser Ă  sa phrase qui en fait maintenant tout le sel Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et mortifĂšres pourrions-nous ajouter en 2020 en raison de la pandĂ©mie, de la misĂšre et de notre absence totale d’avenir. Les ruines du capitalisme Mortelles, nous le sommes. Tout le film ne montre que ça, une jeunesse Ă  la dĂ©rive Ă  qui l’on ne propose rien d’autre que les ruines du capital, que des rĂȘves de plage et de fĂȘtes de pacotilles, avec la chair offerte et mollassonne des touristes de tous les pays, comme si la GrĂšce, ce pays issu d’une si belle civilisation, ne devait se contenter que des restes, et du rĂŽle de bronze-cul d’une Europe maintenant quasiment ruinĂ©e. En choisissant ce dĂ©cor de ruines qui n’ont rien Ă  voir bien sĂ»r avec celles, magnifiques et hiĂ©ratiques, du ParthĂ©non, la rĂ©alisatrice nous donne Ă  voir notre dĂ©chĂ©ance, notre crasse, notre incapacitĂ© Ă  crĂ©er du lien social et Ă  prĂ©server le patrimoine. Ce stade, qui n’a Ă  peine qu’un peu plus de dix ans, est laissĂ© Ă  l’abandon prouvant Ă  la fois la cupiditĂ© du capitalisme et l’inanitĂ© de ces Jeux olympiques qui ne sont plus qu’une infĂąme machine Ă  faire du fric et dont le report Ă  cause de coronavirus cette annĂ©e n’est qu’une avanie supplĂ©mentaire dans un ocĂ©an de mensonges et de malversations. Machine folle vers l’Apocalypse Dans ce dĂ©cor qui sert de cadre Ă  des enfants perdus, on pense bien sĂ»r Ă  Gomorra de Matteo Garrone 2008, mais la mafia en moins mĂȘme si on la sent poindre le bout de son nez comme si l’absence d’avenir ne pouvait que confiner au dĂ©sespoir et surtout Ă  la violence. C’est un film magnifique en certains points, complĂštement dĂ©sespĂ©rĂ©, mais qui offre un portrait impressionniste de notre sociĂ©tĂ©, mĂȘme si on en ressent Ă  chaque plan l’inutilitĂ© tant il crĂšve les yeux que le capitalisme est devenu maintenant une machine folle emballĂ©e vers l’apocalypse. Sofia Exarchou nous tend un miroir hĂ©las trĂšs rĂ©aliste de notre tout proche avenir et s’en explique d’ailleurs d’une maniĂšre parfaitement claire et sans ambiguĂŻtĂ© dans le dossier de presse du film A travers les histoires mĂȘlĂ©es des enfants du Village Olympique, Park tente de brosser le portrait d’une gĂ©nĂ©ration perdue qui a Ă©tĂ© dĂ©robĂ©e de son avenir. Entre les complexes sportifs Ă  l’abandon, les ruines et les nouveaux centres touristiques, le film croise le passĂ© glorieux de la GrĂšce avec sa dĂ©cadence rĂ©cente, peignant une sociĂ©tĂ© qui n’était pas prĂ©parĂ©e Ă  la chute brutale qu’elle a connue. Au cƓur de ces vestiges du passĂ©, le besoin d’appartenance des jeunes est vital et leurs efforts de plus en plus violents et futiles. »

Exemplede dĂ©finition des termes du sujet : « Pensez vous que cette phrase de Paul ValĂ©ry, Ă©noncĂ©e en 1919 : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » s’applique aujourd’hui Ă  l’Europe ? » (culture gĂ©nĂ©rale ENA 2013) Voici comment je sĂ©lectionnerais stratĂ©giquement les termes Ă  dĂ©finir :

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